Couverture du n° 113 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 113

Lire et relire Rabelais – IXe Rencontre de Thélème

 

L’automne dernier, L’Atelier du roman a inauguré à Chinon un nouveau cycle de Rencontres annuelles d’écrivains: «Lire et relire Rabelais». Ces Rencontres, dites Rencontres de Thélème, ne ressemblent nullement aux colloques habituels. Ce sont des occasions de discussions entre les écrivains invités et le public autour du thème proposé. Le lecteur trouvera dans ce numéro les articles rédigés par les participants en un temps postérieur aux travaux. Les raisons qui nous ont emmené à revenir à Rabelais sont exposées au début de l’ensemble des articles. Elles peuvent être résumées en une seule question: Si notre littérature commence à ignorer son œuvre fondatrice, quel sera son avenir? Nous parlons aussi de nos contemporains (Moresco, Bolaño, Cărtărescu, Jean et Sarid), sans oublier de rendre hommage à Kenzaburô Ôé, mort au mois de mars dernier. Et nous nous étonnons devant l’École augmentée, la technofolie douce, la graphomanie des robots et autres merveilles de la vie actuelle.

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Lire et relire Rabelais – IXe Rencontre de Thélème

 

L’automne dernier, L’Atelier du roman a inauguré à Chinon un nouveau cycle de Rencontres annuelles d’écrivains: «Lire et relire Rabelais». Ces Rencontres, dites Rencontres de Thélème, ne ressemblent nullement aux colloques habituels. Ce sont des occasions de discussions entre les écrivains invités et le public autour du thème proposé. Le lecteur trouvera dans ce numéro les articles rédigés par les participants en un temps postérieur aux travaux. Les raisons qui nous ont emmené à revenir à Rabelais sont exposées au début de l’ensemble des articles. Elles peuvent être résumées en une seule question: Si notre littérature commence à ignorer son œuvre fondatrice, quel sera son avenir? Nous parlons aussi de nos contemporains (Moresco, Bolaño, Cărtărescu, Jean et Sarid), sans oublier de rendre hommage à Kenzaburô Ôé, mort au mois de mars dernier. Et nous nous étonnons devant l’École augmentée, la technofolie douce, la graphomanie des robots et autres merveilles de la vie actuelle.

Sommaire

SOMMAIRE

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Lire et relire Rabelais – IXe Rencontre de Thélème

 

 

SOMMAIRE

Ouverture

Jean-Marie Laclavetine, Un géant à taille humaine
Thierry Gillybœuf, Rabelais, précurseur du féminisme dernier cri
Michel Garcia, L’autre père François, Rabelais en héros de fiction
Yves Lepesqueur, Endettés envers Panurge
Slobodan Despot, L’esprit de Thélème – Béla Hamvas
Myrto Petsota, Les bons pantagruélistes se frayent leur propre chemin
Olivier Maillart, Le Tiers Livre, un tonneau inépuisable
Yves Hersant, Ce que la bande dessinée fait à Rabelais
Lakis Proguidis, Vue d’ensemble
Cyril de Pins, Les leçons de Rabelais
Patrice Jean, Contre les utopies et pour Thélème

À la une : Marion Messina

Critiques
Massimo Rizzante, Une partie du mystère – Modeste hommage à Kenzaburô Ôé
Pascale Privey, Conduite de nuit – Les Ouvertures, d’Antonio Moresco
Francesco Forlani et Nicolas Léger, Black-out – Improvisations à deux voix sur Bolaño
Baptiste Arrestier, La nostalgie du chaos – Solénoïde de Mircea Cărtărescu
Adrian Mihalache, À la recherche d’un maître à penser – Le Parti d’Edgar Winger, de Patrice Jean
Lakis Proguidis, Sauf miracle – Le Monstre de la mémoire, de Yishaï Sarid

À la une : Yannick Roy

De près et de loin
Raphaël Arteau mcneil, Socrate, un iPhone et un mot de Kafka
Philippe Roussel, Rabelais_22
Maja Brick, Pourquoi ai-je écrit un roman sur Hugo Boss ?

À la une : Trevor Cribben Merrill

Au fil des lectures
Marek Bieńczyk, Étoiles et chaude-pisse

 

Ouverture

OUVERTURE

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Lire et relire Rabelais – IXe Rencontre de Thélème

 

 

C’est un fait que tout dans notre monde pousse vers l’oubli du passé et des œuvres artistiques qui ont illuminé l’humanité pendant des siècles. Or, si les grandes œuvres du passé ne nous parlent plus, pouvons-nous avoir le sentiment que nous sommes toujours sur le chemin de la création? Si les étalons littéraires nous font défaut, comment être sûrs que ce que nous faisons est valable? D’ailleurs, qui décidera que ces œuvres du passé n’ont rien à dire à notre monde et que leurs apories et leurs impasses ne sont plus les nôtres?

Il dressa des héros énormes comme ceux d’Homère et d’une originalité surprenante. Il répandit sur eux, avec un incomparable style, l’esprit le plus prodigieux, une attendrissante simplicité, un savoir universel et toute la sagesse des philosophies.
Comme un vieux colosse inébranlable, il domine toujours notre littérature, et sa renommée grandit encore à mesure que vieillit son œuvre.
Il illumina tout son siècle; et la terre qui enfanta maître François Rabelais n’avait plus rien à envier aux gloires des nations ses rivales.
Guy de Maupassant, Les Poètes français du xvie siècle, 1877.

Thélème change de lieu. Pendant huit ans, nos Rencontres annuelles ont eu lieu à l’abbaye de Seuilly, dans le Chinonnais. Depuis l’année dernière, c’est à Chinon même. Nous venons d’inaugurer un nouveau cycle: «Lire et relire Rabelais». C’est à la page 13 que le lecteur trouvera les raisons qui nous ont conduits à ce projet.

Je tiens à remercier la Région Centre-Val de Loire, la Communauté de communes Chinon Vienne et Loire et l’association Autour de Babel.
C’est grâce à leur soutien que les Rencontres de Thélème sont reconduites d’année en année.
Je tiens aussi à remercier Michel Garcia pour son aide à l’organisation de notre première Rabelaisiade.

Selon les dernières nouvelles (Trevor Cribben Merrill), le wokisme se répand comme une traînée de poudre de l’autre côté de l’Atlantique. Il est étonnant de constater le retour au culte du Même de la part de ceux qui, hier encore, se lançaient dans la quête libératrice de l’Autre.

Massimo Rizzante rend hommage à Kenzaburô Ôé, mort au mois de mars dernier. C’est lui qui a fait entrer le plus rabelaisien des romanciers japonais dans les pages de L’Atelier du roman (no 45, mars 2006) avec son entretien: «Avançons toujours plus loin dans le passé». Un peu plus tard, L’Atelier du roman consacre un numéro (no 51, septembre 2007) à Kenzaburô Ôé sous le titre: «La modernité à l’aune de la tradition».

Nous pratiquons le cosmopolitisme depuis trente ans – bien avant que le wokisme, cette maladie de l’esprit, n’éclate au grand jour. Mais c’est dans ce numéro que nous en faisons le plein: dans la rubrique «Critiques», tous les auteurs commentent des romans étrangers, étrangers par rapport à leur pays.

D’une école (Raphaël Arteau McNeil) l’autre (Philippe Roussel).

Les œuvres d’art vont à l’encontre du sens de la vie. Ce qui vit est toujours orienté vers l’avenir. L’œuvre d’art, vers le passé. Elle y cherche sans relâche sa justification, sa raison d’être, ses racines. Par sa seule existence elle vivifie le monde d’antan. Qu’on prenne en considération sa propre œuvre (Maja Brick) ou celles des autres (Marek Bieńczyk) on aboutit toujours à la même chose: une visite surprenante du passé.

La technophilie est une maladie grave qui met en danger mortel notre espèce. Les premiers symptômes apparaissent dans les années soixante du siècle passé (Marion Messina). Depuis, ladite maladie n’a pas arrêté de progresser pour atteindre à nos jours sa phase paroxystique (Yannick Roy). Le remède? Lecture de romans trois fois par jour, matin, midi et soir.

Il voyait vraiment loin, le grand Rabelais en disant que le rire est le propre de l’homme. Voilà une affirmation qui fera enlever aux robots toute idée qu’ils puissent un jour nous remplacer.
L. P.