Couverture du n° 98 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 98

"Chaka", de Thomas Mofolo

D'un coeur des ténèbres l'autre

 

 

Avec ce numéro, et pour la nième fois, L’Atelier du roman affirme son caractère de revue littéraire de dialogue esthétique par-delà les frontières géopolitiques et les fixations culturelles. En choisissant comme sujet principal le roman Chaka de Thomas Mofolo, écrit en souto en 1908, ce dialogue se déploie sur deux pistes : d’un côté nous réfléchissons sur l’importance accordée à cette œuvre tout au long des controverses concernant l’histoire du continent africain et, de l’autre, nous essayons de souligner la place exceptionnelle de ce roman dans la littérature mondiale.
C’est aussi dans ce même esprit de dialogue que nous accueillons des critiques allant des auteurs dits classiques, Boccace et Scott, à nos contemporains comme, entre autres, Renonçay et Grozdanovitch. Sans oublier, s’entend, de commenter l’actualité par le biais du roman, et sans nous écarter du propre de l’homme, ici incarné par les dessins humoristiques de Sempé.

 

Couverture du n° 98 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 98

"Chaka", de Thomas Mofolo

D'un coeur des ténèbres l'autre

 

 

Avec ce numéro, et pour la nième fois, L’Atelier du roman affirme son caractère de revue littéraire de dialogue esthétique par-delà les frontières géopolitiques et les fixations culturelles. En choisissant comme sujet principal le roman Chaka de Thomas Mofolo, écrit en souto en 1908, ce dialogue se déploie sur deux pistes : d’un côté nous réfléchissons sur l’importance accordée à cette œuvre tout au long des controverses concernant l’histoire du continent africain et, de l’autre, nous essayons de souligner la place exceptionnelle de ce roman dans la littérature mondiale.
C’est aussi dans ce même esprit de dialogue que nous accueillons des critiques allant des auteurs dits classiques, Boccace et Scott, à nos contemporains comme, entre autres, Renonçay et Grozdanovitch. Sans oublier, s’entend, de commenter l’actualité par le biais du roman, et sans nous écarter du propre de l’homme, ici incarné par les dessins humoristiques de Sempé.

 

Sommaire

SOMMAIRE

 

 

Couverture du n° 98 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 98

"Chaka", de Thomas Mofolo

D'un coeur des ténèbres l'autre

 

 

Ouverture

Chaka, de Thomas Mofolo
d’un cœur des ténèbres l’autre
Boniface Mongo-Mboussa, Un classique immobile
Nunzio Casalaspro, Fils du ciel
Sylvie Kandé, Chaka et l’arbre du Bokoné
Gauz, Damn you Thomas !
Théo Ananissoh, Quand les Africains étaient seuls au monde
Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Chaka, de l’histoire au roman – 
Le regard d’un politiste
Mirjana Robin-Cerovic, De Paris à Teyateyaneng, le territoire de l’œuvre
Jean-François Chanson, Chaka bédéisé – Entretien avec Boniface Mongo-Mboussa
Yves Lepesqueur, Parler au monde en souto
Mehdi Clément, Issanoussi à travers les âges
Lakis Proguidis, Le Pouvoir, rien que le Pouvoir

À la une : Olivier Maulin

Critiques
Philippe Garnier, Le sauvage introuvable – Sur Explorateurs, touristes 
et autres sauvages, de Jean Talon
Steven Sampson, «Rétro-fiction» : s’approprier l’Amérique vintage
Yannis Kiourtsakis, Camus : exil, nostos et patrie
Céline Flécheux, L’instant propice – Sur Le dieu Kairos, de Didier Laroque
Lakis Proguidis, Les lucioles se cachent – Sur Les Portraits de Laura Bloom, 
de Philippe Renonçay
Émilie Richard, Des fourmis et des hommes – Sur Dandys et Excentriques, 
de Denis Grozdanovitch
Myrto Petsota, Scott, romancier tout court – À propos de Waverley

À la une : Théo Ananissoh

De près et de loin
Henri Lopes, Un rayon précieux dans ma bibliothèque
François-Xavier Fauvelle, L’histoire de l’Afrique permet de repenser 
l’histoire du monde – Entretien avec Anne Bocandé
Fulvio Caccia, Novella
Régis Quatresous, La biographie qui manquait – Kafka, de Reiner Stach

À la une : Yves Lepesqueur

Au fil des lectures
Benoît Duteurtre, Au fil des lectures… et des actualités

Ouverture

OUVERTURE

 

 

Couverture du n° 98 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 98

"Chaka", de Thomas Mofolo

D'un coeur des ténèbres l'autre

 

 

Ouverture

Écrit en souto en 1908, publié à Paris en 1925, traduit en français en 1940, et aussi dans plusieurs autres langues, Chaka de Thomas Mofolo est une œuvre capitale de la littérature mondiale. Mofolo romance la montée fulgurante et la chute terrifiante de Chaka (1787-1828), le fondateur de l’empire des Zoulous, qui a eu l’ambition d’unifier sous son autorité une vaste région au sud-est de l’Afrique. Ce n’est pas alors un hasard si ce livre se trouve toujours au cœur des controverses concernant l’histoire de l’Afrique.

Nous ne faisons pas des «dossiers». Nous interrogeons des romans que nous considérons importants pour notre éducation esthétique et pour notre dialogue avec les énigmes du monde.

Cinquante ans cette année de la mort de Witold Gombrowicz à Vence. À son arrivée à Paris, en 1964, il se plaignait de l’absence des «cafés littéraires». « Mais où faites-vous votre littérature?» En effet, où?

Mœurs éditoriales: le livre d’entretiens de Mario Vargas Llosa avec Rubén Gallo (titre original: Conversación en Princeton con Rubén Gallo) est paru chez Gallimard, dans la collection «Arcades», sous le titre L’Atelier du roman! Personne ne nous a contactés pour nous demander l’autorisation de faire usage du titre de la revue…

La structure de l’art, telle que je la conçois, est, comme celle de l’esprit humain, antinomique, fondée sur l’association des contraires et leur jeu compensatoire. Le non-sens et la blague doivent être compensés dans l’art par le sens et le sérieux. De même, la «facilité» dans la création artistique doit être d’une façon ou d’une autre complétée et rachetée par l’effort, la difficulté.
Witold Gombrowicz, Journal (1968).

Pourquoi Chaka quand il y a tant de sujets brûlants qui font l’actualité? Ils ne sont pas brûlants, ces sujets, ils font tout bêtement l’actualité. C’est Chaka qui est un sujet vraiment brûlant. La preuve.

À l’heure des biopics, il faudrait nous méfier des biographies. Mais peut-être celle de Kafka de Reiner Stach dont parle Régis Quatresous est l’exception qui confirme nos craintes.

Le «jeu compensatoire» (Gombrowicz) est illimité. Faire côtoyer, par exemple, nos écrivains contemporains – Jean Talon (Philippe Garnier), Didier Laroque (Céline Flécheux), Philippe Renonçay (celui qui signe), Denis Grozdanovitch (Émilie Richard) et Graham Swift (Théo Ananissoh) – avec les classiques – Albert Camus (Yannis Kiourtsakis), Walter Scott (Myrto Petsota) et Boccace (Fulvio Caccia). Ou sortir de notre bergerie pour rencontrer Offenbach (Benoît Duteurtre) et les poètes mystiques indiens du xve et xvie siècle (Yves Lepesqueur). Ou, encore, entrelarder nos pages savantes avec les dessins humoristiques de Sempé – merci encore, Jean-Jacques !

Pour apprendre agréablement sur l’histoire de l’Afrique dans le vaste monde, lisez, cher lecteur, Le Rhinocéros d’or, de François-Xavier Fauvelle, ainsi qu’Il est déjà demain d’Henri Lopès.

Jeu de bizarreries: c’est le même pays qui produit Jack Thieuloy (Olivier Maulin) et qui louche vers l’Amérique (Steven Sampson).

Je tiens à remercier Boniface Mongo-Mboussa et Théo Ananissoh pour leur idée de consacrer un numéro à Chaka et, aussi, pour leur aide à la réalisation du projet.

Comment ne pas penser l’énormité de la violence humaine, depuis la criminalité pure jusqu’à la violence nationale et sociale, irrépressible et inarrêtable, étant donné que toute cette violence entre l’homme et l’homme reflète une erreur fondamentale de la pensée, qui devient légitime, acceptable, et même méritoire, en tout cas inévitable, et légitimise le fait de forcer, de violer, de bouleverser la vie en général à des fins pratiques, de violenter le monde et les espaces orbitaux et galactiques, bref, tout ce qui est atteignable et se prête à nos viols magnifiques?
Guido Ceronetti, Insectes sans frontières, 2009.

Jeu de miroirs: Joseph Conrad a écrit Au cœur des ténèbres en 1902. Thomas Mofolo, son Chaka, six ans plus tard.
L. P.