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Affiche Rencontre de Thélème5e RENCONTRE DE THÉLÈME
L’ATELIER DU ROMAN

Abbaye de Seuilly – 6 et 7 octobre 2018

L’IDENTITÉ CONTRE LA LIBERTÉ
Pour la cinquième année consécutive se tient à l’abbaye de Seuilly (dans le Chinonais), les 6 et 7 octobre, la Rencontre de Thélème. Elle est organisée par la revue littéraire L’Atelier du roman et l’association Autour de Babel. Le sujet de ces Rencontres est permanent: la Liberté. Mais chaque année c’est à un écrivain différent de proposer l’approche. Ainsi cette année c’est à Belinda Cannone d’ouvrir la discussion autour du thème «L’identité contre la liberté». En dépit de Darwin, Marx et Freud – note Cannone dans le texte d’appel –, qui ont justement souligné la puissance des déterminismes biologiques, psychologiques et sociaux, maintenons cette conviction lumineuse que la personne n’est réductible ni à la somme de ses déterminismes, ni à son identité, et que subsiste en elle un espace plastique qui lui permet de changer sa destinée.

Participants: Belinda Cannone, Judith Coppel, Christian Godin, Simonetta Greggio, Yves Hersant, Patrice Jean, Cécile Ladjali, Boniface Mongo-Mboussa, Lakis Proguidis, Christian Salmon, François Taillandier, Denis Wetterwald.

Les travaux durent une journée et demi; entrée libre. La présence du public est vivement souhaitable.

Samedi 6 octobre: ouverture et interventions diverses de 10h30 à 19h.
Dimanche 7 octobre: interventions de 9h30 à 13h.

Pour tout renseignement: 0140513350 ou 0247959952
Ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


L’ATELIER DU ROMAN
5e RENCONTRE DE THÉLÈME
L’ATELIER DU ROMAN

Abbaye de Seuilly – 6 et 7 octobre 2018

L’IDENTITÉ CONTRE LA LIBERTÉ

«Faye ce que voudras», dit la devise de Thélème. Dis-moi ce que tu peux faire, je te dirai à quel point tu es libre. Faire, prenons au sérieux cette définition de la liberté. Bien sûr, «ce que voudras» ne va pas de soi. Ne veux-je pas ce qu’on m’a incité et conditionné à vouloir?
Tocqueville a souligné que le premier souci des hommes n’était pas la liberté mais l’égalité. Il n’avait pas imaginé que la liberté ne tiendrait pas non plus devant le souci « d’être soi » qui s’épanouit aujourd’hui. Être perçu comme une femme, un musulman ou un Français, plutôt que comme une personne… Ô chimère!
Contre toutes les restrictions identitaires, revendiquons la possibilité de la réinvention permanente de soi, du dégagement. En dépit de Darwin, Marx et Freud qui ont justement souligné la puissance des déterminismes biologiques, psychologiques et sociaux, maintenons cette conviction lumineuse que la personne n’est réductible ni à la somme de ses déterminismes, ni à son «identité», et que subsiste en elle un espace plastique qui lui permet de changer sa destinée. Cet espace irréductible, cette «enclave d’inattendus et de métamorphoses dont il faut défendre l’accès et assurer le maintien» (Char), c’est la liberté. Comment la supporter, et avec elle les responsabilités qui l’accompagnent?
Certes, je ne sais ce qu’est la liberté qu’en en passant par une extériorité: par la conscience de ce qui la borne, et notamment de ce qui me limite à n’être que moi-même, si pauvre d’expériences.
La littérature, par sa capacité à imaginer ce qu’il y a «dans la tête de l’autre», ou, pour le dire avec Proust, assurant cet «effort pour imaginer ce qui diffère de soi», est un des chemins de la liberté. Elle nous livre des secrets que sans elle on n’aurait pas connus tant qu’on ne les a pas vécus. Que sait-on de certaines nuances de l’amour, de la douleur du deuil, de l’épreuve de l’humiliation, si on ne les a pas expérimentées? – on en sait ce que nous en apprend la lecture. Déployant un immense et précis savoir sur notre condition – debout sur la Terre, dans le désir de vivre et sachant notre finitude –, la littérature augmente notre liberté en accroissant notre connaissance.

Belinda Cannone


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Affiche Rencontre de Thélème

 


L’ATELIER DU ROMAN
5e RENCONTRE DE THÉLÈME
L’ATELIER DU ROMAN

Abbaye de Seuilly – 6 et 7 octobre 2018

L’IDENTITÉ CONTRE LA LIBERTÉ

NOTICES BIO-BIBLIOGRAPHIQUES DES PARTICIPANTS

Belinda Cannone
Romancière et essayiste, maître de conférences en littérature comparée. Participe à L’Atelier du roman depuis 1996. La liberté est au fondement de sa réflexion (voir notamment ses deux essais La bêtise s’améliore et La tentation de Pénélope, «Agora», Pocket). Elle a publié récemment Nu intérieur, roman, L’Olivier, 2015; Un Chêne, photos et poèmes, Le Vistemboir, 2016 ; S’émerveiller, essai, Stock.

Judith Coppel
Architecte de formation, elle a exercé ce métier durant une dizaine d’années avant de l’abandonner lors de la numérisation de la profession. Elle s’est alors tournée vers des activités littéraires: traduction de l’anglais en français de plusieurs essais philosophiques et biographies ainsi que correction de textes. Actuellement, elle a entamé en parallèle une activité artistique avec la création de collages. Traductions: La religion d’un sceptique de John Cowper Powys (également préfacé). Le guide du chasseur de nuages de Gavin Pretor Pinney. Psychanalyse et moralité de John Cowper Powys. La vie est une partie d’échecs de Garry Kasparov. Le piano absolu de Lang Lang. Rafa de Raphaël Nadal. Danse avec les truites de John Gierach.

Christian Godin
Né en 1949. Philosophe, professeur émérite de l'université de Clermont Auvergne. Rédacteur en chef de la revue Cités, membre de PHILéPOL. Ses ouvrages publiés, une cinquantaine, comprennent des livres académiques de philosophie comme La Totalité, en sept volumes, des ouvrages scolaires et universitaires (comme le Dictionnaire de philosophie), des ouvrages destinés au grand public (La Philosophie pour les Nuls) et des essais portant sur le monde et la société d’aujourd’hui (La Haine de la nature, La Démoralisation, Le soupir de la créature accablée. La religion aujourd’hui, Ce que sont devenus les péchés capitaux). Dernier ouvrage publié: Les lieux communs d’aujourd’hui (Champ Vallon).

Simonetta Greggio
est née à Padoue, en Italie. Elle écrit en français. Son premier roman, La douceur des hommes, paru en 2005, a été consacré par le magazine Lire parmi les vingt meilleurs livres de l’année. Depuis, elle a publié neuf autres romans et deux recueils de nouvelles. Elsa mon amour (Flammarion) est son dernier ouvrage.

Yves Hersant
Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Yves Hersant a tenu jusqu’en 2014 un séminaire d’«Histoire et critique de l’humanisme». Il est également traducteur, directeur de collections aux Belles Lettres, membre du comité de rédaction de la revue Critique. En 2013, il a été l'un des commissaires de l'exposition «La Renaissance et le rêve» (Paris, Musée du Luxembourg). Parmi ses publications: une édition commentée du Là-Bas de Huysmans; Italies, 1988; Europes, 2000; La Métaphore baroque, 2001; Mélancolies, 2005.

Patrice Jean
est romancier. Il a fait des études de philosophie et de lettres. Il a publié en 2015 Les structures du mal et en 2017 L’homme surnuméraire (son quatrième roman). À l’occasion il écrit des articles sur la littérature et tient une chronique dans Causeur, les aventures de Pichonneau (avec la modernité).

Cécile Ladjali
D’origine iranienne, Cécile Ladjali est romancière. Elle vit à Paris où elle enseigne la littérature dans le secondaire ainsi qu'à la Sorbonne Nouvelle. Ses romans, essais, ou pièces de théâtre explorent les thématiques conjointes de «l’origine» et du «langage».

Boniface Mongo-Mboussa
Né au Congo-Brazzaville. Il a fait des études de littérature russe à l’université Herzen à Leningrad, avant de soutenir un doctorat en Lettres africaines francophones en France. Critique littéraire à Africultures, Notre Librairie, Hommes & Migrations, La Quinzaine littéraire, il enseigne actuellement les littératures francophones à l’antenne parisienne de Sarah Lawrence College et Columbia University. Essayiste, il a publié: Les deux Congos dans la guerre (en collaboration avec Ivan Vangu); Désir d’Afrique; L’Indocilité – Supplément au Désir d’Afrique; Tchicaya U tam Si, le viol de la lune.

Lakis Proguidis
Essayiste, fondateur et directeur de L’Atelier du roman. L’essentiel de son travail consiste à la recherche des éléments esthétiques permettant la distinction du roman de tous les autres arts. Un écrivain malgré la critique – Essai sur l’œuvre de Witold Gombrowicz. La Conquête du roman – De Papadiamantis à Boccace. De l’autre côté du brouillard – Essai sur le roman français contemporain. Guerre et roman (en collaboration avec Michel Déon). Rabelais – Que le roman commence !.

Christian Salmon
Ecrivain, essayiste. Il a fondé et animé, de 1993 à 2003, le Parlement international des écrivains. Critique littéraire à Libération, puis chroniqueur au Monde, il est éditorialiste à Mediapart depuis 2013. Il est l'auteur de Tombeau de la fiction (Denoël, 1999), Kate Moss Machine (La Découverte, 2010), La Cérémonie Cannibale (Fayard, 2013). Son essai Storytelling la machine à raconter des histoires et à formater les esprits (La Découverte, 2007) a été traduit en 15 langues. Il a publié en 2017 un long récit, Le Projet Blumkine, une enquête sur les nombreuses vies de Iakov Blumkine (1900-1928), révolutionnaire, terroriste, agent secret, poète mais aussi ami de Essenine et de Maïakovski. Un «projet» sans cesse abandonné et repris sous la forme d’un voyage à travers la Russie sur les pas de ce Lord Jim bolchevik.

François Taillandier
Romancier, auteur notamment des Nuits Racine, Des hommes qui s’éloignent, Anielka et Le Cas Gentile. De 2005 à 2010 il a publié La Grande Intrigue, suite romanesque en cinq volumes. Il a également consacré des essais à Jorge Luis Borges et à Louis Aragon. Il est chroniqueur au quotidien L’Humanité. Derniers livres publiés: L’Écriture du monde, La Croix et le Croissant; Edmond Rostand, l’homme qui voulait bien faire. À paraître: François, roman.

Denis Wetterwald
Comédien, auteur dramatique, chanteur dans une autre vie, a publié des ouvrages sur les auteurs qu’il aime Joseph Delteil, Alexandre Vialatte. Depuis cinq ans divers recueils de poésie dont les trois plus récents aux éditions Voix d’Encre avec des dessins de Jacques Reverdy. Dernier titre: Vacarme… Murmures… Silence.

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Affiche Rencontre de ThélèmeIIIe RENCONTRE DE THÉLÈME
L’ATELIER DU ROMAN

Abbaye de Seuilly – 1er et 2 octobre 2016

LIBERTÉ – QUEL INTÉRÊT?
Il fut un temps où les hommes se sont battus pour être libres. Aujourd’hui, on pense que tout a été dit sur la liberté, qu’il n’y a pas à y revenir. La liberté est. Elle est comme l’ADN, déposée en nous, une évidence, une donnée inébranlable. Pourtant, aujourd’hui, on se dépossède volontairement de son libre arbitre. La liberté n’est plus qu’un mythe. D’ailleurs, quand la question de la liberté se pose, la réaction est invariablement la même, la liberté est mais elle n’existe pour personne. Puis, au fond, la liberté, quel intérêt? La liberté s’est rétrécie au point de ne plus être.
Sa seule survie réside dans les questions qu’on peut encore faire tourner autour d’elle. L’évoquer, la problématiser, c’est lui donner du sens, de l’existence, c’est la nommer, c’est lui donner sa possibilité.
Aujourd’hui, où l’on a changé de monde, on manque de vocabulaire pour définir celui qui est désormais le nôtre. Comment parler de travail, de réel, de virtuel, de justice, du bien et du mal quand ces mots renvoient à un ancien monde?
Comment parler de la liberté? La manière dont l’homme perçoit son humanité a changé. Nous ne sommes plus des humains dans une société conçue pour les hommes, nous sommes des vecteurs économiques dans un système fabriqué par l’homme et on manque de mots pour comprendre et agir sur notre monde.
On se tourne vers les écrivains. Ces spécialistes des mots semblent être bien placés pour nous aider à redéfinir ce qu’est la liberté aujourd’hui. Ajouter du sens aux mots désuets pour que nous ayons de quoi forger un langage qui corresponde à notre réel est indispensable si nous voulons penser le monde, son réel.
Or, l’écrivain se rétracte. En quoi penser et redéfinir la liberté serait une démarche littéraire? N’est-ce pas plutôt une démarche politique? Ou sociologique, philosophique? L’écrivain doit-il s’engager sur le terrain du réel, lui qui s’occupe de mots? Et la liberté, quel intérêt? On sait bien que ça ne veut plus rien dire.
Pia Petersen

Affiche Rencontre de ThélèmeLES PARTICIPANTS

Manuel Candré, romancier
Denis Grozdanovitch, essayiste, romancier
Bertrant Lacarelle, essayiste
Yves Lepesqueur, critique littéraire
Thierry Maugenest, romancier
Pia Petersen, romancière
Lakis Proguidis, essayiste, critique littéraire
Massimo Rizzante, poète, traducteur, essayiste
Fanny Taillandier, romancière
Patrick Tudoret, écrivain, auteur dramatique, journaliste
François Xavier, poète, éditeur, chroniqueur littéraire

LIBERTÉ – QUELLES RÈGLES POUR QUEL JEU ?

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affiche theleme Quel meilleur apprentissage de la liberté que le jeu? Et avant même tout apprentissage, quelle meilleure preuve de notre liberté, depuis l’enfance, que cette expérience du jeu que sans doute nous avons tous faite? Ce qui est vraiment libre en nous, ce n’est peut-être pas la volonté, peut-être pas la raison, c’est d’abord et avant toute chose l’imagination, puisqu’elle se déploie bien avant que notre jugement, si souvent, la restreigne: ne pas se résoudre au monde tel qu’il est, à ce que déjà notre naissance a fait de nous, inventer des mondes, des vies possibles, jouer à être un autre que celui que nous sommes. La première fiction, pour moi – pour vous? – ce fut celle-là: s’inventer la chance de quelque autre destin, s’imaginer navigateur, chauffeur routier, explorateur, que sais-je.
Qui ne sait pourtant qu’on ne joue pas (ou pas toujours) seul? Dès lors qu’on veut être plusieurs à jouer, dès lors qu’il s’agit de donner à un lecteur quelque chance de partager la joie du jeu, il convient de se donner des règles. Peut-être même ces règles sont-elles nécessaires pour jouer avec soi, s’il est vrai que même écrire sur soi est toujours, selon Paul Ricœur, considérer «soi-même comme un autre». Et s’il est vrai aussi qu’écrire un roman n’est justement pas «un jeu d’enfant» mais un jeu auquel ne savent vraiment jouer que ceux qui y apportent tout l’acquis de leur expérience: sans quoi l’utopie maintenue d’un monde possible serait pure gratuité. Si l’on admet que le roman, et peut-être au-delà du roman tout ce qui relève de l’écriture, est avant tout libre jeu – livre-jeu? – peut-être n’est-il pas sans intérêt de confronter nos décisions, nos chemins, nos tâtonnements mais aussi nos conquêtes autour de la question de «la règle du jeu». On se souvient que Michel Leiris en fit le titre de sa grande tétralogie autobiographique: qui n’est pas un roman, mais qui vaut bien un roman, il me semble.
À Thélème, il n’y a pas de règles. Mais l’absence de règle y est encore une règle, paradoxalement, puisque les habitants de l’Abbaye sont animés d’«une louable émulation à faire tous ce que à un seul voyaient plaire».
Et la délicieuse liste des deux cents et quelque jeux, tous attestés semble-t-il, auxquels s’adonne Gargantua, prouve que Rabelais joue avec le jeu lui-même.
Jean-Yves Masson

 

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affiche thelemeaffiche theleme

Un nouveau cycle des Rencontres:

Les Rencontres de Thélème

1. Un nouveau thème: Liberté
Avec la quatorzième Rencontre un cycle de thèmes autour de l’art du roman a pris fin. À la même période, plusieurs collaborateurs de la revue ont senti le besoin d’élargir le dialogue avec des thèmes plus «grand public» et plus proches des défis intellectuels et culturels auxquels sont confrontés nos sociétés. En choisissant le thème de «Liberté» comme sujet permanent de nos discussions pour les années à venir, nous croyons toucher à un problème majeur du monde contemporain. Où en est-on avec ce mot? Comment le sent le citoyen d’aujourd’hui? L’exigence croissante de sécurité, telle que nous la connaissons à nos jours, influe-t-elle (et si oui, de quelle manière) sur le sentiment de liberté? Les évolutions dans le domaine de la biotechnologie conduiront-elles à l’esclavage volontaire? Etc. Que peut dire l’essayiste, le romancier, l’artiste là-dessus?