Couverture du n° 105 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 105

Philip K. Dick – La science comme fiction, l’humain comme réalité

 

Philip K. Dick (1928-1982) est mondialement connu comme auteur de science-fiction. Il est traduit dans le monde entier. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma et à la télévision. Toutefois, si L’Atelier du roman se penche sur l’œuvre de Philip K. Dick, c’est pour rectifier le tir. À savoir, défendre Philip K. Dick, indépendamment du genre littéraire qu’il a pratiqué, comme un romancier parmi les plus grands du XXe siècle. Quoique son univers romanesque se déploie le plus souvent sur fond d’inventions technologiques futuristes, il n’est jamais arbitraire. Car il ne fait qu’incarner ce qui se préparait dans les laboratoires américains de haute technologie après la Deuxième Guerre mondiale. Et ce qui s’y préparait, au-delà des progrès et des inventions, c’était l’autonomie de la science par rapport à toutes les autres activités humaines. À nos jours, le dogme de la science pour la science n’est même pas discutable. Mais c’est Philip K. Dick qui a exploré ses retombées sur la vie des gens et sur l’humanité. Dans le reste de la matière, à part les articles critiques (sur Cărtărescu, Rushdie, Laroque, Jung, Hugo, Ruskovich, Tallent), les chroniques et les dessins humoristiques Sempé, signalons trois excellents sur les prouesses de l’esprit sociétal.

Couverture du n° 105 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 105

Philip K. Dick – La science comme fiction, l’humain comme réalité

 

Philip K. Dick (1928-1982) est mondialement connu comme auteur de science-fiction. Il est traduit dans le monde entier. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma et à la télévision. Toutefois, si L’Atelier du roman se penche sur l’œuvre de Philip K. Dick, c’est pour rectifier le tir. À savoir, défendre Philip K. Dick, indépendamment du genre littéraire qu’il a pratiqué, comme un romancier parmi les plus grands du XXe siècle. Quoique son univers romanesque se déploie le plus souvent sur fond d’inventions technologiques futuristes, il n’est jamais arbitraire. Car il ne fait qu’incarner ce qui se préparait dans les laboratoires américains de haute technologie après la Deuxième Guerre mondiale. Et ce qui s’y préparait, au-delà des progrès et des inventions, c’était l’autonomie de la science par rapport à toutes les autres activités humaines. À nos jours, le dogme de la science pour la science n’est même pas discutable. Mais c’est Philip K. Dick qui a exploré ses retombées sur la vie des gens et sur l’humanité. Dans le reste de la matière, à part les articles critiques (sur Cărtărescu, Rushdie, Laroque, Jung, Hugo, Ruskovich, Tallent), les chroniques et les dessins humoristiques Sempé, signalons trois excellents sur les prouesses de l’esprit sociétal.

Sommaire

SOMMAIRE

Couverture du n° 105 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 105

Philip K. Dick – La science comme fiction, l’humain comme réalité

 

SOMMAIRE

Ouverture

Nicolas Léger, L’œuvre de Dick : l’atelier de la pensée
Gérard Klein, Paradoxes de Philip K. Dick
Andrea Inglese, Philip K. Dick n’a jamais été moderne
Éric Naulleau, Philip K. Dick, écrivain chrétien
Francesco Forlani, Le chant de la fourmi
Slobodan Despot, La nouvelle couronne
Gabriele Frasca, Et Dick leva les yeux vers le ciel
Raphaël Arteau mcneil, Le chat et le crapaud
Olivier Maillart, Poétique de la perception
Steven Sampson, Les K. Dick et Kafka
Mathieu Dayras, Les vilains nazis rêvent-ils des temps minoritaires ?
LakisProguidis, Et c’est pour nous que sonne le glas de ce bip-bip
.............Date et œuvres

À la une : Trevor Cribben Merrill

Critiques
Reynald Lahanque, « Le maître des rêves » – Solénoïde, de Mircea Cărtărescu
Miguel Gallego Roca, Contre la caricature de l’instant présent –Quichotte, de Salman Rushdie
Alain Mascarou, Un poème peut cacher un roman – L’Œuvre de Napoléon, de Didier Laroque
Romain Debluë, Victor Hugo et le roman de l’excès
Charles Villalon, Le triomphe de Pascal Ébodoire – Principe de précaution, de Matthieu Jung
Marion Messina, Le roman sauvage américain : la barbarie comme prix de la liberté

À la une : Yannick Roy

De près et de loin
Jean-Yves Masson, Le monde enchanté de l’émancipation – ou comment 
on recrute un professeur de philosophie
Steven Sampson, L’utérus esclave – L’Homme désincarné, de Sylviane Agacinski
Olivier Maillart, Éloge du travestissement

Au fil des lectures
François Taillandier, A-t‑on lu Les Misérables ?

 

Ouverture

OUVERTURE

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Philip K. Dick – La science comme fiction, l’humain comme réalité

 

«Science sans conscience, c’est la ruine de l’âme», disait Rabelais. Quatre siècles plus tard, Philip K. Dick (1928-1982) a mis en roman l’adage qui sied mieux à notre monde : «Science sans l’homme, c’est la ruine de la civilisation.»

Jamais parlé de Hugo dans nos cent quatre numéros. Et voilà que paraissent simultanément deux articles (Romain Debluë et François Taillandier). Hasard réparateur.

Et vin inspirant. Je tiens à remercier Francesco Forlani qui durant l’une de nos soirées arrosées, il y a trois ou quatre ans, il a lancé le nom de Philip K. Dick et par la suite il nous a aidé à préparer cet hommage.

Dans La Vérité avant-dernière de Dick, on fait croire aux gens qu’ils ne doivent pas sortir de leur souterrain car la guerre ferait rage à la surface de la terre… ce qui est faux : dehors, la nature belle et des hommes qui tournent des films de guerre.
J. B.

Deux romans récents entrent en résonance avec l’univers dickien : Solénoïde, de Mircea Cărtărescu (Reynald Lahanque) et Quichotte, de Salman Rushdie (Miguel Gallego Roca).

Il a fallu attendre douze ans pour que Principe de précaution, de Matthieu Jung rencontre son monde (Charles Villalon). Un monde dont d’autres romans ne cessent d’explorer les mystères. Exemples : L’Œuvre de Napoléon, de Didier Laroque (Alain Mascarou) ou encore Idaho, d’Emily Ruskovich et My absolute darling, de Gabriel Tallent (Marion Messina). Un monde toujours énigmatique, surtout quand il est masqué (Trevor Cribben Merrill).

L’essor des techniques, en Europe, ne s’est nullement accompagné d’un essor de l’humanisme… l’esprit de l’Europe a-t‑il réussi à s’infiltrer dans la machine ? Que s’est-il passé pour que l’on constate chez nous, les humanistes, une pareille dégringolade : la musique tombe en miettes, la poésie se dessèche, la littérature devient affreusement ennuyeuse.
Witold Gombrowicz, Journal, 1966.

Et pendant ce temps-là, la science progresse dans tous les domaines : universitaire (Jean-Yves Masson), médical (Steven Sampson), sociétal (Olivier Maillart) et mortuaire (Yannick Roy).

De tous les romanciers du xxe siècle, c’est probablement Philip K. Dick qui a exploré le plus grand paradoxe de notre temps : plus on devient performant en sciences cognitives et en outils bio-technologiques, plus on diminue psychiquement et intellectuellement.

Dans ce monde qui va se rétrécissant, chacun de nous a besoin de tous les autres. Nous devons chercher l’homme partout où il se trouve.
Quand, sur le chemin de Thèbes, Œdipe rencontra le Sphinx qui lui posa son énigme, sa réponse fut : l’homme. Ce simple mot détruisit le monstre. Nous avons beaucoup de monstres à détruire. Pensons à la réponse d’Œdipe.
Georges Séféris, Essais, 1963.

Plus grand réparateur que le hasard, c’est le rire – merci, Jean-Jacques.
L. P.